Comme le dit Fatou Diome, cette célèbre femme de lettres franco-sénégalaise, « notre monde, notre époque, est une époque de rencontres ».
L’interculturalité, ce n’est pas la cohabitation ou l’addition de différentes cultures.
L’interculturalité c’est l’unité, c’est ne faire qu’un d’un monde multiple.
L’interculturalité est un dialogue, un voyage où les visions du monde s’échangent et sont en évolution permanente, un espace où l’on s’enrichit et où l’on apprend des un.es et des autres, dans un sens comme dans l’autre.
C’est un endroit où l’on peut refuser, accepter, un endroit où on a le choix.
L’interculturalité c’est prendre des risques, le risque de douter, de ne pas se comprendre, c’est aussi accepter d’être bousculé dans ses repères, de s’ouvrir à l’autre, à ses codes.
Dans un monde où les déplacements et les flux migratoires sont constants, dans une époque où les conflits, le réchauffement climatique, le faible PIB de certains pays, mais aussi dans un monde où des événements joyeux comme les regroupements familiaux et les mariages mixtes amènent de nouveaux habitant.es dans les quartiers, Carrefour 18 en 2023 a voulu réaffirmer, comme le dit si bien le psycho-anthropologue Isam Idriss, que « l’interculturalité ne se gère pas, elle s’accueille ».
Le mois Citoyens du Monde en mai 2023 a permis de créer des espaces de rencontres et de vivre un peu plus les relations interculturelles, fragilisées la barrière de la langue qui accentue parfois les préjugés que l’on peut avoir les un.es sur les autres.
Certains reviendront peut-être, nous salueront à nouveau. D’autres reviennent de temps en temps car Carrefour 18 reste un port d’attache en tant que 1er lieu d’accueil pour beaucoup d’entre eux, d’autres reviendront pour poursuivre leur apprentissage ou trouver un accompagnement.
Voici un témoignage de ce qui s’est passé dans l’atelier lors de ce temps fort de mai 2023, qui était une excursion parmi d’autres dans la vie du Centre Social.
Ordilangue est un atelier d’apprentissage du français. S’y côtoient une 30 aine de nationalités chaque année. Ce n’est pas toujours facile d’aller à la rencontre, de communiquer ou d’être force de propositions quand on est timide, qu’on a peur de « mal » parler ou d’être jugé, ou quand on n’a pas les mots pour dire, pas les mots pour exprimer la richesse et la profondeur de notre pensée.
Cette fois-ci ce sont les courageux apprenant.es qui ont concocté un programme aux petits oignons.
Ces apprenant.es n’étudient pas la langue de Molière, littéraire, mais le français du quotidien, celui que vous parlez, que je parle, celui qu’on écorche avec nos tics de langages, nos règles grammaticales personnalisées, nos accents, nos hésitations, les choix de nos mots, qui donnent à voir d’où nous venons et où nous nous situons.
Ils ont voulu partager sur leurs pays, leurs langues, leurs écritures, leur patrimoine, parler de ce qu’ils ont laissé derrière eux et amené avec eux jusque dans leur nouveau pays d’accueil. Ils ont voulu s’amuser, découvrir, sortir, visiter, cuisiner, manger, rencontrer, ou encore danser.
Du mois de mars au mois de juin, ils se sont organisés, entraînés, ils ont débattu dans une langue qui n’est pas la leur, ils ont réfléchi, ri, écrit, produit, agi, et ils ont beaucoup appris.
Ces temps de travail et d’animations ont généré plus d’interconnaissance, de confiance en soi et de bien-être.
Je tenais à les remercier à nouveau pour ces bons moments !